Il n’est pas facile de parler de soi. Comment décrire les synergies offertes par les deux grandes passions qui animent ma vie : l’art et le goût du détail ?
J’ai toujours observé le monde qui m’entoure tranquillement en essayant de distinguer l’invisible pour les yeux pressés.
L’étincelle a eu lieu le jour où mon père est revenu du Japon et m’a offert un assorti de différents objectifs pour que je puisse saisir les images du monde de l’enfant de quatorze ans que j’étais.
J’ai commencé par le noir et blanc en me concentrant sur mes proches, sur les rues et sur les marchés. Plus tard, j’ai fait le tour du monde en privilégiant les photos prises sur le vif : en Afrique, où les indigènes cherchaient à se protéger de mon appareil ; dans le chaos du Moyen-Orient des années 70 ; dans la Chine moderne et contemporaine.
La couleur a suivi : l’amour pour ma future femme ; Venise, son infinité de thèmes et sa lumière unique ; des journées entières passées à chasser avec un appareil à la place d’un fusil, à tenter d’arrêter avec mon objectif l’évolution sans fin des couleurs, des nuances et des reflets d’une ville dont la beauté me coupait le souffle. Mes yeux se gorgeaient de Venise et mes tiroirs se remplissaient de photos et de diapositives.
Quelques années plus tard, ma fille est née et j’ai éprouvé le besoin de conserver la mémoire de ces nouveaux moments. Avec une caméra Super 8, je fixais le souvenir de nos voyages et du temps que nous passions ensemble. Ce faisant, j’améliorais mes techniques de prise de vue. Jusqu’au jour où, comme tout le monde, j’ai été pris par le vertige de la photo numérique.
Mille voyages ont suivi, pour découvrir et fixer de nouvelles couleurs et cultures. La première fois, c’était à Damas, une lumière incroyable, les montagnes et leur silence. Puis Positano et les fruits de l’été dans les jardins et les vergers.
Aujourd’hui, la macrophotographie me semble l’expression parfaite de ma quête d’harmonie et d’équilibre au sein de chaque image. J’y vois une forme d’art où ma passion pour le détail trouve pleinement à s’accomplir.
Je me plonge dans les textures les plus intimes de la nature : la peau d’un fruit, l’automne se reflétant sur une feuille, l’eau qui s’infiltre dans le sol, les couleurs de la végétation. J’essaie de capter l’essence intérieure de la nature, de pénétrer au-delà de ce que mes yeux ne font que voir. Je perçois la fermeté sous mes doigts, je sens mille parfums, je détecte autant de saveurs.
Nature vivante : tel est mon projet, le regard que je cache derrière mon l’objectif. Bon voyage.
Claudio Koporossy